Tribune parue dans Libération en date du 22 février 2024, sous le titre " Le retour des enfants ukrainiens déportés, une condition non négociable de tout accord avec la Russie "
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Le 17 mars 2023, la Cour Pénale Internationale émettait des mandats d'arrêt contre Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova pour la déportation illégale d'enfants ukrainiens. Ces mandats, qui ont marqué la première inculpation d'un chef d'État en exercice par la CPI, révélaient l'ampleur d'un crime sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
Mais ils ne montraient que la partie émergée de l'iceberg. Une nouvelle enquête, menée par l’association Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ! (avec le concours de Russie-Libertés), démontre aujourd'hui que ces déportations, loin d'être des actes isolés ou improvisés, constituent un programme systématique, planifié bien avant l'invasion de 2022. Dans le cadre de cette entreprise, orchestrée par l'État russe et impliquant de hauts dignitaires du parti Russie Unie et du Patriarcat de Moscou, 19 546 cas d'enlèvement d'enfants par les forces d’occupation ont été recensés par les autorités ukrainiennes, dont seulement 388 ont été rapatriés. Par ailleurs, selon les chiffres Haut-Commissariat aux Réfugiés et Dmytro Lubinets, commissaire parlementaire d’Ukraine aux droits de l’enfant, des centaines de milliers d'enfants sont sous contrôle russe. Déplacés en Russie ou restés en territoires occupés, ils sont soumis à une politique de russification forcée.
Ce qui frappe d'abord, dans le récit de ces crimes par leurs auteurs eux-mêmes c'est l'ampleur de l'opération : dès le 18 février 2022, une semaine avant l'invasion, la machine était en marche. L'appareil entier du parti Russie Unie, celui de Vladimir Poutine, est mobilisé : Andreï Turchak, secrétaire du Présidium, supervise directement les opérations et en réfère à Poutine ; Anna Kuznetsova dirige le « quartier général humanitaire » chargé des adoptions ; les coordinateurs régionaux comme Igor Kastyukevich et Artem Turov déploient des « missions humanitaires » qui servent de façade à un vaste système de fichage et de déportation. En Russie même, les gouverneurs de région, comme Andreï Vorobyov à Moscou, organisent le placement des enfants dans des familles russes. Rien n'est laissé au hasard : rafles dans les orphelinats, séparations lors de la « filtration » des familles évacuées de force en Russie, déportations sous prétexte de « vacances » ou de « soins », jusqu'aux adoptions illégales.
L'intention du Kremlin est manifeste. Elle ne vise pas seulement à détruire l'identité ukrainienne de ces enfants, mais à les incorporer de force à la « nation russe ». Dans les écoles où ils sont envoyés, tout est fait pour effacer leur passé : langue ukrainienne interdite, histoire réécrite, endoctrinement patriotique quotidien. Les plus âgés sont même préparés à servir dans l'armée russe qui détruit leur patrie ─ une cruelle ironie qui révèle le projet à long terme : former les instruments des futures conquêtes russes.
Cette entreprise mobilise des moyens considérables : l'armée détourne des unités du front pour ces opérations, le parti Russie Unie déploie des milliers de militants, le Patriarcat de Moscou apporte sa caution morale. C'est une priorité absolue du régime, supervisée directement par Poutine via sa commissaire aux droits de l'enfant, Maria Lvova-Belova.
Les dommages psychiques infligés à ces enfants sont profonds : privés de leurs repères, de leur langue, de leur culture, beaucoup développent des syndromes de stress post-traumatique. Les psychiatres parlent de « meurtre d'âme », dont les séquelles se transmettront aux générations futures.
Face à ce crime systémique d'une telle gravité, l'erreur serait de le condamner tout en acceptant de dissocier son aspect humanitaire de sa dimension géopolitique. La tentation de séparer les négociations de cessez-le-feu de la question du retour des enfants constituerait une catastrophe morale et stratégique, car le Mal ne peut-être apaisé, il doit être défait et puni. Y renoncer serait non seulement abandonner ces enfants à leur sort, mais aussi donner un blanc-seing à la Russie pour continuer à perpétrer des crimes contre l’humanité dans ses futures conquêtes.
C'est pourquoi aucun cessez-le-feu ne saurait être envisagé sans le retour de tous les enfants déportés. Il y a un an, des chefs d'État et de gouvernement européens, dont Emmanuel Macron au Conseil de l'Europe, prenaient position contre ces déportations. Aujourd'hui, le sort de ces enfants ne peut être dissocié des négociations futures avec la Russie. C’est à l’Europe d’élever la voix, car elle ne peut accepter en son sein un tel crime sans renier sa conscience et ses valeurs fondamentales. L'Histoire nous jugera sur notre capacité à faire du retour des enfants ukrainiens déportés une condition non négociable de tout accord avec la Russie.
La présente tribune est portée par:
Gabriel Attal, ancien Premier ministre, Président du groupe EPR et du groupe d’amitié France-Ukraine à l’Assemblée nationale
Antoine Garapon, ancien magistrat
Agnieszka Holland, cinéaste
Bertrand Lambolez, Directeur de recherches à l’INSERM, Vice-Président de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !
Marc Levy, écrivain
Jonathan Littell, écrivain et cinéaste
Ariane Mnouchkine, fondatrice et co-directrice du Théâtre du Soleil
Rithy Panh, cinéaste et producteur, fondateur du Centre Bophana à Phnom Penh
Pierre Raiman, cofondateur de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !
Constantin Sigov, philosophe et éditeur, directeur du centre européen à l'université de Kiev
Signataires
Parlementaires
he non negotiable return of Ukrainian children
David Amiel, député EPR, Paris 15ème
Pieyre-Alexandre Anglade, député EPR, président de la commission des Affaires Européennes
Karim Benbrahim, député PS
Éric Bothorel, député EPR
Cyrielle Chatelain, députée de l’Isère, présidente du groupe Écologiste et Social
François Cormier-Bouligeon, député EPR
Olivier Faure, député PS, premier secrétaire du Parti socialiste
Guillaume Garot, député PS, ancien ministre
Anne Genetet, députée EPR, ancienne ministre
Catherine Hervieu, députée de la Côte-d'Or (Écologiste et Social)
Brigitte Klinkert, députée EPR, ancienne ministre
Constance Le Grip, députée EPR, vice-présidente du groupe d'amitiés France-Ukraine
Claude Malhuret, président du Groupe Les Indépendants au Sénat - Sénateur de l’Allier
Estelle Mercier, députée PS
Anna Pic, députée PS
Natalia Pouzyreff, députée EPR (Ensemble pour la République)
Marie Récalde, députée PS
Valérie Rossi, députée PS
Jean-Louis Roumégas, député, Écologiste et Social, Commission Affaires étrangères
Isabelle Santiago, députée PS
Nadia Sollogoub, sénatrice, présidente du Groupe d'amitié France-Ukraine au Sénat
Thierry Sother, député PS
Michèle Tabarot, députée du groupe Droite Républicaine
Liliana Tanguy, députée du Finistère, Ensemble pour la République
Boris Vallaud, député PS, président du groupe socialiste
Dominique Voynet, députée de la 2e circonscription du Doubs, membre de la commission des Affaires étrangères
Premiers signataires
Antoine Arjakovsky, directeur de recherche Collège des Bernardins
Yves Beguin, professeur émérite d'hématologie. Université de Liège
Gérard Bensussan, philosophe
Olivier Blanckart, professeur aux Beaux-Arts de Paris
Annie Bourguignon, professeur émérite (études scandinaves)
Bernard Bruneteau, professeur émérite des universités
Michel Caillouët, ancien ambassadeur de l'Union Européenne
Gilles Chevalier, contrôleur général des armées (2S)
Hélène Cixous, écrivaine
Dominique Colas, politologue, professeur émérite Science-Po
Maïté Coppey, directrice de recherche émérite INSERM
André Constantinesco, professeur honoraire Médecine
Didier Coureau, professeur des universités en études cinématographiques Université Grenoble Alpes
Bertrand de Cordoue, conseiller à l'Institut Jacques Delors
Bruno Demoulin, professeur émérite Université de Liège
Martine Denis-Linton, conseiller d'État honoraire
Stephen Fry, écrivain, réalisateur et acteur
Jean-Luc Gaffard, professeur émérite d'économie
Catherine Géry, professeure de littérature et de cinéma russes à l'INALCO
Vincent Henri Godbillon, juge assesseur à la Cour nationale du droit d’asile, ancien observateur dans la Mission Spéciale d’Observation en Ukraine de l’OSCE
Anne Gorouben, artiste plasticienne
Véronique Grappe, anthropologue
Jean-Yves Guérin, professeur de littérature française à l'Université Sorbonne nouvelle
Marc Hindry, professeur de mathématiques à l'université Denis Diderot Paris VII
Anne Hosmalin, directrice de recherche INSERM
Martine Jodeau, conseillère d'État honoraire
Konstantin Kaiser, poète et homme des Lumières, Verein zur Förderung und Erforschung der antifaschistischen Literatur Österreich [Association pour la promotion et la recherche de la littérature antifasciste].
Esko Kentrschynsky, fonctionnaire international et ambassadeur UE retraité
André Klarsfeld, professeur d'université (retraité)
Océane Lagleyze, juriste et auteur d’un mémoire universitaire sur les violations des droits de l’enfant au cours de la guerre en Ukraine
Gérard Lauton, maître de conférences honoraire (UPEC)
Larysa Leshchenko, professeur à l'Université de Wrocław
Françoise Létoublon, professeur émérite de littérature et langue grècque, membre de l'Institut Universitaire de France
Sylvie Lindeperg, historienne, professeur à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Jacky Mamou, président du Collectif Urgence Darfour
Marie Matheron, actrice
George Mink, directeur de recherche émérite (ISP-Cnrs), professeur au Collège d’Europe, campus de NATOLIN
Simone Molina, artiste et écrivain
Alexis Nuselovici, professeur émérite de littérature comparée, Aix-Marseille Université
Fabien Ollier, directeur de la revue Quel Sport ?
Gérard Onesta, ancien vice-président du Parlement européen
Ray Pitti, médecin humanitaire
Sonja Pleßl, Zwischenwelt International, publiciste et traductrice
Jean-Manuel de Queiroz, professeur émérite de sociologie à l’université de Rennes 2
Alain Rabatel, professeur émérite de Sciences du Langage, Université Claude Bernard-Lyon 1
Sylvie Rollet, professeur émérite ders universités, présidence de Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !
Michel Rostain, écrivain
William Saadé, conservateur en chef honoraire du patrimoine, commissaire d'expositions
Antoine Sabbagh, historien
Michaël de Saint-Chéron, philosophe des religions
Cécile Sakai professeure émérite de Littérature japonaise
Pierre Schapira, professeur émérite Sorbonne Université
Dominique Schapper, sociologue
Karl Schlögel, historien, professeur emeritus Berlin
Constantin Sigov, directeur du Centre européen à l'université de Kyiv
Nicolas Tenzer, enseignant à Sciences Po, auteur de Notre Guerre. Le crime et l'oubli
Nicolas Vatimbella, écrivain
Olivier Védrine, administrateur de l'Association Jean Monnet
Emmanuel Wallon, professeur émérite des universités
Michel Yakovleff, Général 2S
Yves-Charles Zarka, professeur des universités, Directeur de publication de Cités (Revue)
Associations
Patrick Angelvy, secrétaire général de Pharmaciens Sans Frontières 94
Nadiia Bardy, présidente de l'association Aide humanitaire pour l’Ukraine à Marseille
Nataliya Batarina, co-administratrice de l'association Volya
Ulyana Beauvais, présidente de l'association Pyssanka
Clément Bonnet, Senior Advisor pour Students For Liberty
Christian Castagna, président de VoisinageS
Élisabeth Centkiewicz, La-boutique.ukrainienne.eu
Zdravko Cerovecki, président de l'association "CROATIE OCCITANIE" Toulouse Plaisance du Touch
Lesya Darricau-Dmytrenko, présidente de l'association Perspectives Ukrainiennes
Henri David, président de l'ARASFEC Unis pour l'Ukraine
Tamara Demuria, présidente de l'association Géorgie vue de France
Yves Garès, co-président de la Fédération Échanges France Ukraine (FEFU)
Catherine Hatinguais, secrétaire de Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !
Ivanna Kushnir-Baron, présidente de l'association Solidarité Bretagne-Ukraine
Tetiana Lablonska, présidente de l'association Ukraine-Dijon-Bourgogne
Nakonechna Luba, présidente de l'association franco-ukrainienne Vesna64 à Pau
Thierry Meyer, président de l'association Les Enfants de Tchernobyl
Viktoriia Michniewicz, présidente de l'association AFU Mriya Ukraine
Florent Murer, président de l'Association Kalyna
Viktoriia Nesterenko-Morkovkin, présidente de l'association Ukraine Invicta
Élisabeth Nicoli, co-présidente de l'Alliance des femmes pour la démocratie
Jean-Pierre Pasternak, président Union des Ukrainiens de France
Svitlana Poix, présidente de l'association La maison ukrainienne Mérignac Bordeaux Métropole
Marie Rebaud, administratrice de l'association Ukraine CombArt
Florence Samson, Ambassadrice bénévole et officielle de la Fondation caritative ukrainienne Бонум de Lviv
Christiana Smoliy, présidente de l'association Ukraïnka
Emmanuelle Trocadero, responsable Unis pour l'Ukraine 56
Margaux Vidal, membre du bureau de l'Union des Fédéralistes Européens Auvergne Rhône Alpes
Inha Yavorska, bénévole à la bibliothèque ukrainienne de l'association Solidarité Bretagne-Ukraine
Roger Wowk, président d'E.B.C.U. (échanges Bourgogne Champagne Ukraine)
Autres signataires
Liste à jour en date du 7 mars 2025, 16h00, UTC +1.
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