Appel à nos concitoyens
Tribune publiée dans Le Monde le 31 janvier 2024
La nation ukrainienne est en danger ! Nous devons lui fournir de toute urgence les armes et les munitions dont elle a besoin pour reconquérir l’intégralité de son territoire. Seule sa victoire, en rejetant la Russie hors d'Ukraine, assurera la paix, en accord avec le droit international. Un cessez-le- feu consacrant la mainmise de la Russie sur le Donbass, la Crimée et leur population en échange d’illusoires garanties de sécurité est un leurre. La Russie, une fois ses arsenaux regarnis, serait en mesure de reprendre son offensive contre les démocraties européennes. Les risques vont de la guerre hybride, que la Russie pratique déjà (cyberattaques, désinformation, intrusion dans les processus électoraux), à l'engagement dans un conflit de haute intensité.
Depuis deux ans l’Ukraine fait face à une guerre d'agression menée par Vladimir Poutine, dont les troupes pratiquent à grande échelle les bombardements délibérés de civils, les viols, les tortures et les déportations d’enfants. Depuis deux ans, à la surprise du monde entier, l’Ukraine démocratique et son armée ont réussi à repousser l’envahisseur et à libérer de nombreuses localités, malgré une infériorité en hommes et en matériel. Mais la Russie, appuyée par les livraisons d’armes des dictatures d’Iran et de Corée du Nord, peut aussi compter sur le soutien de la Chine.
La stratégie européenne a reposé d’abord sur les sanctions économiques qui devaient amener Poutine à la raison. Elles ont limité la capacité de la Russie à produire des armes, mais n’ont pas eu tous les effets escomptés : il faut les renforcer. Quant à l’aide militaire fournie à l’Ukraine par ses alliés, elle a été trop hésitante et modeste pour exploiter les victoires de l’été 2022, trop tardive et limitée pour percer les défenses russes l’été dernier. Elle commence même à faire défaut : bloquée aux États- Unis, elle l’est aussi en Europe par le veto hongrois et l’hésitation de certains gouvernements européens.
Sur le front, dans les régions occupées comme pour l’ensemble des villes et territoires ukrainiens bombardés quotidiennement, la situation est grave. L’Europe doit impérativement tourner son industrie de défense en priorité vers l’Ukraine. Et notre pays peut jouer un rôle moteur, car nous sommes la principale puissance militaire du continent, notre base industrielle et technologique de défense comptant plus de 4000 entreprises.
La mise en œuvre d’un dispositif de solidarité économique et industrielle avec l’Ukraine permettrait d’agir rapidement dans cinq directions :
- augmenter la cession, la fabrication et les livraisons d’armes et de munitions ;
- donner des garanties aux industriels de l’armement ;
- se doter, avec nos partenaires européens, d'un organisme de contrôle pour assurer un embargo strict sur l’exportation des technologies duales ;
- encourager la mutualisation des outils de production, civils et militaires, au service de la défense ;
- mobiliser de nouvelles ressources financières en faveur de l’aide à l’Ukraine.
L’engagement de la France aux côtés de l’Ukraine est indéniable, mais il nous faut trouver les moyens d’augmenter considérablement la production et la livraison d’armes françaises qui ont fait leurs preuves. Notre président a promis 78 canons Caesar et 40 missiles Air-Sol Scalp-EG : il nous faudra assurer intégralement le financement des premiers et céder ou fabriquer davantage de SCALP. Nous disposons aussi de Mirage 2000D, de batteries de défense anti aérienne SAMP/T et Crotale, de missiles Sol-Air Mistral et de missiles antinavires Exocet en nombre, de radars Ground Master 200 et de véhicules du génie, dont les robots de déminage SDZ.
En matière de production, trois priorités apparaissent : la fabrication d’obus de 155 mm, qui n’est pas à la hauteur du programme européen ; la livraison de drones de divers types ; la fourniture d’équipements de guerre électronique. Ajoutons que ces investissements bénéficieront à long terme à l’amélioration des capacités défensives de la France, face aux risques accrus de conflit de haute intensité. Encore faudrait-il que les entreprises françaises puissent obtenir une garantie de 5 à 10 ans sur le volume de leurs commandes, selon leurs investissements. L’Ukraine n’est pas un client étranger comme les autres : elle est prioritaire parce que sa défense contribue à celle de notre pays.
L’effort budgétaire de la France pour l’Ukraine (environ 2 Md € prévus sur 2024-25) devrait être au moins doublé, afin de rétablir la parité avec l’Allemagne, en proportion du PIB. Cette augmentation tient compte:
- des commandes pour l’armée française (en plus de celles prévues par la loi de programmation militaire 2024-2030), en compensation des cessions d’armements sur ses stocks, soit 1 Md € ;
- de l’augmentation du fonds de soutien à l’Ukraine, qu’il faudrait porter à 800 M € en 2024 (au lieu des 200 M € budgétés) et à 1 Md € en 2025 (au lieu de 200 M € si le budget était reconduit à l'identique) ;
Plusieurs sources, bancaires ou fiscales, pourraient être exploitées pour couvrir les dépenses d’armement, comme l’a indiqué le récent Rapport d’information sur l’économie de guerre de la commission des finances de l’Assemblée nationale. Une autre piste, plus mobilisatrice, serait de faire appel à l’épargne des Français. Afin d’éviter une hausse de l’endettement public extérieur, pourraient être lancé un emprunt national et créé un « Livret d’aide à l’Ukraine » (sur le mode du Livret de développement durable). Cela permettrait à nos concitoyens de s’impliquer dans le soutien à la démocratie ukrainienne.
La paix passe par le retrait complet de l’armée russe hors du territoire ukrainien. Aussi les moyens, qui ont manqué à l’Ukraine depuis deux ans, ne doivent plus lui faire défaut. Et la France peut être la première au sein de l’Europe à donner l'exemple d’un engagement décisif. L’association Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ! et les signataires en appellent à la mobilisation de tous.
Nous continuons à prendre toute signature qui souhaite s'associer à notre appel. Vous pouvez le faire ici : https://www.pourlukraine.com/je-signe-armement-francais-ukraine
Liste des signataires
Signatures par le site : Liste à jour au 14 mars.
Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée et au RGPD du 27 avril 2016, vous bénéficiez d'un droit d'accès, de modification, de portabilité, de suppression et d'opposition au traitement de vos données. Pour exercer ces droits, contactez l'association à l'email suivant : webmaster.pourlukraine@gmail.com
Premiers signataires
Galia Ackerman, historienne
Guillaume Ancel, ancien officier et chroniqueur
Antoine Arjakovsky, historien et essayiste
Nicolas Bouzou, économiste
Bernard Bruneteau, historien
Vincent Desportes, Général (2S) de l’armée de Terre
Jean-Marc Dreyfus, rédacteur en chef de la Revue d'histoire de la Shoah
Patrick Dutartre, Général (2S) de l’armée de l’Air
Antoine Garapon, magistrat
André Gattolin, ancien sénateur
Michel Goya, Colonel des troupes de marine et historien
Etienne Klein, essayiste
Marc Levy, écrivain
Jonathan Littell, écrivain
Claude Malhuret, sénateur de l'Allier, Président du groupe Les Indépendants au Sénat
Ariane Mnouchkine, fondatrice du Théâtre du Soleil
Jean-Paul Perruche, Général (2S) de corps d’armée, enseignant-chercheur
Olivier Py, directeur du théâtre du Châtelet
Pierre Raiman, membre fondateur de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre
Robin Renucci, directeur du Théâtre de La Criée
Nicolas Richoux, Général (2S) de l’armée de Terre et historien
Sylvie Rollet, professeure émérite, Présidente de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre
Dominique Schnapper, ancienne membre du Conseil constitutionnel
Pierre Servent, auteur, Colonel de réserve (h)
Nicolas Tenzer, enseignant à Sciences Po Paris
Xavier Tytelman, consultant défense
Michel Yakovleff, Général (2S) de l’armée de Terre Autres signataires
Rémi Adisson, Ingénieur Fonderie
Claude Ascensi, général de corps d'armée (2ème section)
Pierre Bayard, professeur émérite des universités
Julien Bayou, député, membre de la Commission Défense
François Béchieau, maire-adjoint du 19è arr. de Paris, conseiller à la métropole du Grand Paris
Nicolas Benoit, fondateur NB MEDIA
Iuliia Berezovskaia, journaliste (Grani.ru, Desk Russie)
Jean-Pierre Bernard, Colonel (e.r)
Gérard Bensussan, philosophe, professeur émérite des universités
Florentin Blanc, directeur d'institut de recherche
Marie-Aline Bloch, professeur honoraire
Chris Bluds, écrivain
Piotr Blonsky, journaliste
Sophie Bouchet-Petersen (Ukraine CombArt), conseillère d'état retraitée
Jean-Jocely Bourcet, entrepreneur
Clémence Boulouque, romancière
Alain Bourges, artiste vidéo
Jean-Loup Bourget, professeur émérite d'études cinématographiques
Jean-François Bouthors, essayiste et journaliste
Jean-Pierre Boris, journaliste
Cécile Boyer, enseignante
Sébastien Brottet, comédien
Marcel Bozonnet, metteur en scène et comédien
Sylvain Brouard, politiste, directeur de recherche à Sciences Po
Marie Bursztyka, responsable d'exploitation
Christian Castagna, analyste politique, VoisinageS
Arnaud Castaignet, vice-président d'une enterprise technologique européenne
Géraldine Cerf de Dudzeele, psychanalyste
Nathalie Chatainier, présidente de Ukraine Libre Toulouse
Gilles Chevalier, contrôleur général des armées (2S)
Yves Cohen, historien
David Copello, politiste
Maïté Coppey-Moisan, professeur émérite
Catherine Coquio, professeure des universités
Sylvain Creuzevault, metteur en scène
Cathie Dambel, cinéaste
Hélène Danel, vice-présidente Breizh Ukraine Solidaire
Emmanuel Daoud, avocat
Alain David, professeur, ancien directeur de programmes au Collège international de philosophie
Henri David, vice-président ARASFEC pour l'Ukraine
Philippe Druon, avocat au barreau de Paris
Philippe Duclos, acteur, écrivain
Jean-Bernard Dupont Melnyczenko, professeur agrégé d'histoire, doyen honoraire des IA IRP de l'Académie d'Amiens
Michel Eltchaninoff, philosophe et essayiste
Serge Enderlin, journaliste
Jacky Fayolle, économiste-statisticien, ancien administrateur de l'INSEE
Arnaud Fleury, journaliste
Claude Forest, professeur émérite des universités
Anna Françoise, éditrice
Alexandre François, directeur de recherche
Rachel Godefroy, directrice de publication de Cosmos-Yan-Ciret et secrétaire générale SLPJ
Anne Gorouben, artiste plasticienne
François Grunewald, chercheur spécialiste de la gestion de crise
Françoise Guillaumond, autrice
Catherine Hatinguais, traductrice
Martin de Halleux, éditeur
Patrick Hassenteufel, professeur de science politique
David Helm, administrateur, fonction publique
Jérôme Heydon, auteur
Xavier Idier, ancien officier, dirigeant d’entreprise
Laurent Jaoui, réalisateur
Clément Joly, PDG startup de drones
Yan de Kerorguen, rédacteur en chef de Place-Publique.fr
André Klarsfeld, professeur ESPCI Paris-PSL (retraité)
Volodymyr Kogutyak, Vice-Président de l'Union des Ukrainiens de France
Bertrand Lambolez, directeur de recherche INSERM
Joanna Lasserre, architecte – urbaniste
Alain Laumont, colonel des troupes de marine (h)
Gérard Lauton, maître de conférences honoraire de mathématiques à l’Université Paris-Est Créteil
Michelle Lauton, maîtresse de conférences honoraires (mathématiques)
Olivier Lecourt, journaliste
Yuliya Lev Fert, project coordinator France-Ukraine
Arnaud Levy, responsable de communication
Sylvie Lindeperg, historienne, professeure des universités
Yves Lombard, producteur artistique
Christian Longchamp, dramaturge à l’opéra et essayiste
Philippe de Lara, philosophe, maître de conférences honoraire
Oxana Melnychuk, Unis pour l'Ukraine
Stéphanie Marcie, avocate au barreau de Paris
André Markowicz, traducteur et écrivain
Anne Marleix, cheffe d'entreprise, édition numérique éducative
Jean Paul Marleix, photographe
Frédéric Mauro, avocat au barreau de Bruxelles, spécialiste des questions de défense
Marie Matheron, comédienne
Rachel Mazuy, historienne
Alexandre Melnik, professeur, ancien diplomate, expert-consultant en géopolitique
Serge Métais, analyste
Pascal Molina, volontaire en Ukraine
Olivier Mongin, écrivain, ancien directeur de la revue Esprit
Philippe Morel, historien de l'art, professeur émérite des universités
Florent Murer, président fondateur de KALYNA en 2014
Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue
Jean-Philippe Namont, historien
Alexis Nuselovici, professeur des universités, Vice-doyen chargé de la recherche, Aix-Marseille Université
Jean-Pierre Pasternak, Président de l'Union des Ukrainiens de France
Sylvie Péju, écrivain
Marie Peltier, historienne, spécialiste de la propagande
Michel Perrin, professeur émérite des universités
Stéphane Piatzszek, scénariste
Thomas Picot, avocat au barreau de Paris
Sylvie Plane, professeure émérite des universités
Julien Poillot, ingénieur
Jean-Luc Poget, advisor politiques économiques énergétiques
Enzo Proupin, volontaire en Ukraine
Patrick Puges, polytechnicien, ingénieur en chef des Mines honoraire, ancien membre du collège de la Commission Nationale de Contrôle des Techniques de Renseignement
Alain Rabatel, professeur émérite de sciences du langage
François Rachline, écrivain
Bernard Randoin, conservateur général du patrimoine honoraire (archéologue, retraité)
Dominique Rebaud, chorégraphe
Olivier Renaudeau, conservateur du patrimoine
Charles-E. Renault, avocat
Julien Rencki, Haut fonctionnaire
Jacob Rogozinski, philosophe, professeur émérite des universités
Quentin Rumeau, chef de projet gouvernance, démocratie et accession européenne
Annie Sartre-Fauriat, historienne, professeure émérite des universités
Fabienne Servan-Schreiber, productrice de cinéma
Malgorzata Smorag-Goldberg, professeur d'université
Beatrice Soulé, agent artistique/réalisatrice
Brigitte Stora, journaliste et autrice
Jimmy Sudario Cabral, professeur, université fédérale de Juiz de Fora, Brésil
Charles Urjewicz, professeur émérite (INALCO)
Dominique Varma, auteure-réalisatrice
Paul Vazeux, militant humanitaire associatif Ukraine-France
Ania Vilenska, chargée de développement commercial dans l’édition
Emmanuel Wallon, professeur émérite des universités en sociologie politique
Nicolas Weill-Parot, directeur d'études à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes
Brigitte Wilputte-Membrive, retraitée
Irène Witochynsky, journaliste
Patrick Worms, stratège
Yves Charles Zarka, professeur émérite des universités, directeur de la revue Cités
Didier Zuili, auteur et illustrateur
Association Agir Pour l'Ukraine