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La militarisation des mineurs ukrainiens

Cet embrigadement militaro patriotique va au-delà de l’éradication du sentiment d’appartenance à la nation ukrainienne : il prépare les mineurs ukrainiens à la défense de la Patrie russe contre « l’éternel agresseur nazi », qui passe par la nécessaire destruction de l’Ukraine indépendante, « éternelle collaboratrice » et traitre à la « nation panrusse ».


L’intégralité des dispositifs d’éducation militaro-patriotique russes s’applique aux mineurs ukrainiens de l’ensemble des territoires occupés dès l’annexion de ces derniers en octobre 2022. Le lendemain de la création du GTCBO en décembre 2022, Igor Kastyukevich en est nommé responsable pour l’éducation militaro-patriotique dans les territoires occupés.


Il étudie les méthodes d’éducation militaro-patriotique des jeunes « qui ont fait leurs preuves » dans les régions russes et conclut que « les clubs militaires et patriotiques d'enfants et de jeunes devraient travailler selon les mêmes normes et dans un seul cadre juridique… afin que les clubs puissent travailler "à pleine puissance"… de manière unifiée et pour un résultat commun ».


Sur cette base, le GTCBO élabore en avril 2023 un programme unifié « de préparation au service militaire et l'éducation militaro-patriotique… avec la participation du DOSAAF » et « de formation dans les établissements d'enseignement général et [les corps] de cadets ».


Les classes de cadets, vecteurs d’intégration militaro-patriotique


Un des vecteurs actionnés par Russie Unie pour la rééducation militaro-patriotique des enfants ukrainiens consiste en effet en leur intégration aux classes de cadets militaires des établissements scolaires, qui dispensent une formation militaire aux mineurs de 3 à 18 ans pris en charge gratuitement en internat. 


Le 3 février 2023, Igor Kastyukevich et Vladimir Saldo annoncent la création de classes de cadets, dénommées « Souvorov », dans la région de Kherson. Kastyukevich en donne la raison : « tout ce qui concerne l'histoire de la terre natale… doit être posé dès l'enfance. Par conséquent, la restauration de ces traditions patriotiques et héroïques et de la capacité de se battre, mais aussi de reconstruire une vie paisible, est notre tâche ».


En mai 2023, il annonce encore le lancement dans les écoles de la région de Kherson des programmes sportifs et patriotiques « Mowgli » et « Jeune Patriote » pour enfants de 3 à 7 ans avec le soutien du GTCBO.


C’est aussi en ce sens qu’il faut comprendre la signature le 20 avril 2022 d’un accord de coopération entre la « Fédération Panrusse de Sambo » (art martial et méthodes de combat qui synthétise une discipline à vocation militaire et policière et la « lutte libre soviétique » à vocation populaire et sportive dont Poutine a été un champion) et la RPD, qui inclut le programme « sambo à l’école ». Andreï Turchak avoue, reprenant la formule de propagande conforme à la réalité inversée, « qu’il ne s'agit pas seulement de sport… c'est un pas de plus vers une vie paisible ».


Une épidémie d’évènements patriotiques et militaro-patriotiques touche l’ensemble des territoires occupés comme en témoigne l’annonce par Turchak en juillet 2023 d’une formation militaire, « Jeune Parachutiste », organisée dans une base militaire de Pskov par l’armée russe pour les jeunes du mouvement « Jeune Garde [JGRU] – Yunarmiya » de Donetsk. L’embrigadement militaro-patriotique des jeunes ukrainiens mis en place par l’occupant est donc complété par des formations militaires dispensées par des instructeurs expérimentés dans des camps d’entraînements en Russie et dans les territoires occupés.


Camps d’entrainement en Russie


Les « camps pour enfants », « camps de vacances » ou « camps de santé », sont évidemment un autre lieu privilégié de « rééducation patriotique et militaro-patriotique » car les mineurs y sont soustraits à l’influence de leur entourage familial.


L’éducation patriotique et militaire forcenée qui s’abat sur les mineurs ukrainiens des territoires occupés est donc similaire à celle pratiquée sur le territoire de la Fédération de Russie. Elle en diffère toutefois dans son essence puisque les mobilisations de masse réalisées dans les territoires occupés après leur annexion indiquent que ces jeunes Ukrainiens sont et seront envoyés en priorité sur le front militaire de l’éradication de leur propre nation.


Nul doute que l’armée russe puise déjà dans ce réservoir de chair à canon et continuera à le faire. Daniil Bezsonov, vice-ministre de l’information de la RPD, le déclare sans ambages en janvier 2024 : « Les Ukrainiens sont pour nous une ressource [en personnel] lors d’une mobilisation pour une future guerre contre l’OTAN…. et maintenant ils sont une ressource aguerrie ». Toujours selon les fondements de la « réalité inversée », ce « sacrifice glorieux » des Ukrainiens recrutés dans l’armée russe lave doublement, dans leur propre sang et celui des Ukrainiens libres, « l’opprobre nazi » attaché au genos ukrainien.





La Crimée, place forte de la russification 


Lieu de villégiature et place forte militaire occupée depuis 2014, le cas de la Crimée est emblématique de la stratégie de russification et comme dans les autres territoires occupés R-U y joue un rôle majeur. Les autorités de Crimée proposent 325 structures d’accueil pour mineurs, dont 46 camps de séjour prolongé. Il semble que ces derniers aient accueilli 55.400 mineurs de diverses régions de Russie, y compris des territoires ukrainiens annexés,

De multiples organisations russes pour la jeunesse convergent en Crimée à cette même période, dont les volontaires WeTogether, le Mouvement des Premiers et les Brigades Étudiantes Pédagogiques (voir ci-dessus), mais aussi les équipes du « programme de réhabilitation Le Jour d’Après » de Lvova-Belova et, bien sûr, l’Yunarmiya impliquée dans nombre de formations militaires.

La Crimée est aussi en première ligne de la « rééducation » militaro-patriotique, notamment en accueillant dans ses centres de nombreuses sessions de « recyclage des enseignants » des écoles des territoires occupés.

Enfin, la péninsule annexée en 2014 est une plaque tournante des déportations de mineurs isolés qui y sont hébergés dans de nombreux camps en Crimée avec la pleine coopération de son chef, Sergueï Aksyonov et de son administration. On retrouve par exemple la trace des mineurs isolés déportés de l’institution d’Oleshky, à Skadovsk au camp « Rossiya » d’Eupaoria géré par l’administration présidentielle russe, où ils ont été envoyés en août 2023.


Organigramme Russie Unie_edited.jpg
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